J

1870
1990

Economie énergétique

Introduction

A l’exception des travaux de Walter Wyssling et David Gugerli et des données présentées dans l’Annuaire statistique suisse, nos tableaux se fondent en premier lieu sur les publications de l’Office fédéral de l’énergie et du Comité national suisse de la Conférence mondiale de l’énergie. Nous avons utilisé principalement l’ouvrage intitulé «Statistique suisse de l’énergie 1910–1985», publié en 1987, qui présente de façon remarquable l’évolution à long terme du secteur suisse de l’énergie. Cet ouvrage contient, outre de nombreux tableaux dont les informations sont très précieuses, une bibliographie et une introduction destinée, de toute évidence, à un large public. Nous en citons ci-après quelques extraits à l’intention de ceux de nos lecteurs qui s’intéressent particulièrement à l’énergie. Il convient encore de remarquer que la plupart des tableaux que nous avons repris de la «Statistique suisse de l’énergie 1910–1985» et complétés avec les chiffres de la statistique globale de l’énergie de 1990 ne contiennent que des données quinquennales. (Dans un article du Comité pour les questions énergétiques, consacré à l’importance de l’importation et de la production en Suisse de carburants pour l’économie énergétique et publié en 1953 dans la Revue mensuelle suisse «Cours d’eau et énergie», on trouve également des tableaux se rapportant à la période 1910 à 1952 et contenant des données annuelles; toutefois, ces dernières ne sont pas totalement comparables avec celles de la «Statistique suisse de l’énergie 1910–1985».) Par ailleurs, l’exploitation des statistiques de l’économie électrique publiées dans l’Annuaire statistique de la Suisse nous a permis d’établir des séries chronologiques qui débutent dès 1931, mais s’interrompent déjà au cours de la deuxième moitié des années cinquante.

Revue historique

«Depuis la révolution industrielle du siècle dernier, l’énergie joue un rôle toujours plus important dans le développement de l’économie de la société. L’approvisionnement, la distribution et l’utilisation sont de moins en moins réglés sur le plan local et se sont transformés en systèmes complexes. Pour orienter raisonnablement cette évolution et réagir de façon adéquate en cas de crises, l’homme a senti la nécessité de disposer avec le temps de statistiques énergétiques solidement établies.
En Suisse, ces travaux ont commencé relativement tôt. En 1928 déjà, on a publié une statistique de la production d’électricité des 40 années précédentes.1 Depuis octobre 1930, l’Office fédéral de l’économie électrique, aujourd’hui l’Office fédéral de l’énergie (OFEN), s’est chargé de la développer, en collaboration avec l’Union des Centrales Suisses d’Electricité (UCS), et de la poursuivre. Pour les autres agents énergétiques, les associations professionnelles et la Direction générale des douanes ont procédé à des récapitulations plus ou moins détaillées. Elles ont cependant été établies à partir de points de vue très divers si bien que les chiffres récoltés ne peuvent pas toujours être facilement intégrés dans une statistique globale.
Au début des années 50, le Comité national suisse de la Conférence mondiale de l’énergie (CNS- CME), fondé en 1924 en tant que seul lien privé entre l’administration, les hautes écoles, les associations professionnelles et l’économie, a commencé à élaborer une statistique énergétique détaillée de la Suisse et a confié à Motor-Columbus SA (MC) le soin de la faire. La première publication eut lieu en 1953 et a couvert la période allant de 1910 à 1951.
La première crise pétrolière de 1973/74 a montré la nécessité d’être informé plus régulièrement et plus en détail sur les fondements de l’approvisionnement énergétique. L’OFEN a donc été chargé d’établir une statistique énergétique périodique et de la publier. Il a ainsi sorti en 1976 une première rétrospective 1970–1975, suivie depuis lors de statistiques annuelles. Dans la maîtrise de cette tâche, l’OFEN s’est appuyé sur les travaux préliminaires de l’OCDE et de l’AIE, ainsi que sur ceux du CNS-CME, tout en lui laissant le soin de poursuivre, sous la responsabilité de MC, l’établissement des chapitres relatifs à l’énergie utile.»

Concepts

«Les concepts utilisés dans cette brochure correspondent généralement aux recommandations de la Conférence mondiale de l’énergie qui ont été récemment publiées dans une version améliorée.2 Dans certains cas, il a cependant fallu conserver dans la statistique de l’énergie des concepts jusqu’alors usuels en Suisse de façon à faciliter les comparaisons.
L’énergie est l’aptitude d’un système à engendrer des effets externes. Elle peut se présenter sous des formes diverses sans pour autant vouloir faire ici la différence entre énergie et agents énergétiques. De même, la prise en compte statistique du flux énergétique peut avoir lieu de plusieurs manières. Une première façon réside dans la chaîne des transformations depuis les ressources naturelles jusqu’à la forme demandée finalement par le consommateur. On distingue alors entre énergie primaire, énergie secondaire et énergie utile. Une seconde façon de systématiser consiste à prendre en compte les points de contrôle du marché qui rendent possibles les bilans énergétiques avec une précision dépassant les estimations et les extrapolations. On rencontre ici les concepts d’énergie brute et d’énergie finale. En pratique, les deux chaînes sont mêlées et l’on va vers un déplacement en direction des grandeurs mesurables.
On désigne par énergie primaire, l’énergie qui n’a pas encore subi de conversion, comme par exemple les forces hydrauliques, le charbon, le pétrole brut, le gaz naturel et le bois, de même que les ordures et les déchets industriels. La chaleur produite dans les réacteurs à l’aide de l’énergie nucléaire est également considérée comme énergie primaire.
On obtient de l’énergie secondaire par conversion de l’énergie primaire (ou d’autres formes d’énergie secondaire). Il faut alors prendre en compte des pertes de conversion. L’électricité, le gaz de ville tiré du charbon ou des produits pétroliers, etc. en sont des exemples.
L’énergie utile est celle dont le consommateur a finalement besoin sous l’une des quatre formes: lumière, chaleur, travail mécanique et énergie de réaction chimique. Elle peut tout aussi bien provenir d’agents énergétiques primaires ou secondaires. Suivant le domaine d’application et la conception des appareils consommateurs, les pertes sont très différentes. A titre d’exemples d’énergie utile, signalons la chaleur nécessaire à la préparation de l’eau chaude (après déduction des pertes de distribution en cas de chauffage centralisé) ou d’un mets (y compris la chaleur absorbée par la poêle), la lumière pour l’éclairage d’une pièce, le travail mécanique pour vaincre la résistance d’un véhicule au roulement et à l’air, etc. L’expression de service énergétique, parfois utilisée, limite dans certains cas encore plus la part utile de ces quatre formes énergétiques, par exemple à la lumière tombant directement sur la place de travail.
Dans une statistique énergétique nationale, on s’intéresse tout d’abord à la consommation globale d’énergie à l’intérieur des frontières nationales, y compris les pertes de conversion intervenant dans le pays. Cette consommation brute se compose de l’énergie primaire tirée du pays, des soldes de commerce extérieur des divers agents énergétiques (primaires et secondaires) et des variations de stocks.
Par énergie finale, on entend l’énergie mise à disposition du consommateur pour la production d’énergie utile. Il s’agit généralement d’énergie secondaire, mais on rencontre aussi quelques applications d’énergie primaire comme dans le cas du bois. Le concept d’énergie livrée ou consommée que la Conférence mondiale de l’énergie donne comme synonyme est peut-être mieux adapté, mais n’a pour l’instant pas encore pu s’imposer. L’énergie finale constitue le dernier échelon du marché et donne des valeurs relativement exactes. Les difficultés quant à la détermination de la consommation finale n’apparaissent que pour les agents énergétiques que le consommateur peut encore stocker. Pour déterminer ces stocks, on recourt pour le mazout, le cas le plus important, à des enquêtes.
Les statistiques énergétiques ne prennent pas en compte la puissance – la consommation d’énergie par unité de temps – bien que celle-ci soit un aspect essentiel de l’approvisionnement non seulement pour les énergies de réseau mais aussi pour les autres agents énergétiques.3 Dans la statistique énergétique nationale, on ne considère que le but premier de l’utilisation énergétique. On néglige donc, par exemple, la chaleur produite dans un bâtiment par l’éclairage, la cuisson ou un moteur, bien qu’en hiver elle contribue au chauffage des locaux en tant que chaleur libre et devienne de plus en plus importante avec le renforcement de l’isolation.
Dans les statistiques énergétiques nationales, on n’introduit pas non plus les énergies non marchandes au nombre desquelles il faut signaler l’énergie solaire, principalement lorsqu’elle n’est pas mise en œuvre par des installations particulières (collecteurs ou cellules photovoltaïques). Il existe ainsi une différence fondamentale par rapport au bilan énergétique d’un bâtiment particulier dont les bases peuvent encore être déterminées avec une précision acceptable.
Un autre facteur négligé dans les bilans énergétiques est l’échange d’énergie grise avec l’étranger, c’est-à-dire l’énergie nécessaire à la fabrication de biens importés ou exportés et contenue dans ceux-ci.»

Principe de mesure

«L’adoption d’un même principe de mesure pour tous les agents énergétiques est une construction qui ne peut en aucun cas être parfaitement satisfaisante, car elle oblige toujours à négliger certains aspects.
Conformément à la pratique adoptée en Suisse, tous les agents énergétiques entrent dans le bilan suivant leur pouvoir calorifique (méthode du pouvoir calorifique). On tient compte du pouvoir calorifique inférieur, soit de la quantité de chaleur dégagée par une combustion complète sans récupération de la chaleur de condensation de la vapeur d’eau. La méthode de substitution, qui est utilisée dans quelques pays, de même que par certaines organisations internationales et dans laquelle principalement l’électricité est comptée en raison de l’énergie calorifique nécessaire à sa production dans une centrale thermique conventionnelle, n’a raisonnablement pas cours en Suisse du fait de la faible part de telles installations. De plus, elle valoriserait les forces hydrauliques de façon trop importante.»

Annotations

  1. On parle ici d’un travail de Wyssling publié dans le Bulletin VSE. Le même auteur a publié en 1946 une étude plus importante (vor les «Sources»).
  2. Conférence mondiale de l’énergie: Terminologie de l’énergie, dictionnaire multilingue, 2ème édition. Londres 1986.
  3. Dans la présente publication, nous utilisons le concept «énergie» dans un sens un peu plus large, qui inclut notamment la production en mégawatt des usines hydrauliques.

Unités de mesure

INSERRER TABLEAUX


SOURCE: «Energie» in Ritzmann/Siegenthaler, Statistique historique de la Suisse, Zürich: Chronos, 1996, 583-587



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